Je me sens si seule

Allez...

Allez euh...

Comme à cinq ans en fixant les objets pour qu'ils bougent.

Allez quoi...

S'il te plait...

Montre-toi!

Mais comme à cinq ans, toute la volonté du monde n'y fait rien.

Rien à l'horizon.

J'espère qu'il n'est pas mort...

Non. Il ne peut pas mourir.

Dis, il ne peut pas mourir, hein?

Mais qu'importe.

Qu'il vive ou non, je crois bien que je ne le reverrai jamais.

Jamais.

Et le pire, c'est que je finirai par m'habituer à son absence.

Mais s'habituer signifie vivre avec, et non oublier.

Voilà comment j'ai pu vivre six mois de néant, il y a déjà si longtemps. C'était difficile. Je crois que j'ai pensé à lui chaque jour.

Je ne veux plus aimer pour l'instant.

Je n'ose pas dire "je ne veux plus jamais aimer..."

Je suis redevenue cette fille distante, hautaine et cruelle que les garçons adorent.

En tout cas j'ai recommencé à jouer ce rôle, celui qui m'allait comme un gant sauf qu'il m'étouffait.

C'était avant lui. Maintenant, il ne me reste rien d'autre que ce comportement stupide. Je n'ai plus qu'une seule carte en main: ce Moi de substitution.

Au diable les sentiments, je n'attends plus rien de tes jours.

Je n'ai qu à diviser ma vie en périodes de six mois jusqu'à ce que je ne me souvienne plus du tout, plus de toi.

Je suis la femme du moment, et ça me fait vraiment chier.

Je vais aller fumer une cigarette par la fenêtre en regardant l'arbre en forme de pomme. La tête me tournera doucement, je rêverai de voyage en voiture toute la nuit et j'inventerai quelques réparties cinglantes.