Chronique d'une disparition annoncée
Demain je m'envole. Demain, c'est à minuit. Bientôt. Est-ce qu'ils s'en rendront compte? Est-ce qu'il se souviendra? Demain il faut partir Revenir un jour, sûrement bientôt, ou peut-être pas Un an ou deux? C'est impossible Je suis incapable de tout cela Même pas foutue de bien écrire La grâce m'a quittée Je ne sais plus enfiler les mots pour en faire des colliers Finies les parures du ressenti Toutes vendues au vide-grenier de l'oubli Tant pis C'est comme ça, ça ne sert à rien d'aimer mais on ne le sait pas C'est peut-être mieux comme ça...moi je ne veux pas Pas comme dans la chanson Non Le soir je suis encore moins raisonnable, tous mes rêves m'étouffent d'espoir et ça fait mal, il faut me croire Je suis une fille bizarre Tout à l'heure j'écouterai encore la même chanson sur mon mp3 et les mouvements de mes lèvres simuleront un chant désespéré J'y penserai toute la nuit, ou peut-être pas J'écrirai tout dans le petit cahier couleur de rouille, tout, d'une écriture de folle insomniaque Je dormirai mal et demain je serai en retard, ne trouvant pas la tenue adéquate pour sortir Le signe d'hier m'a marqué le coeur au fer et j'en étais heureuse Comme on est cons d'aimer souffrir Comme on est seuls, les uns à côté des autres Quand tu viendras me chercher, demain ou dans dix ans, je ferai comme si jamais je ne t'avais attendu Et ce sera le pire des mensonges Mais c'est dans très longtemps Maintenant, je suis venue vous dire que je vais disparaître Je me fonds dans le décor de la vie mieux que personne Derrière le buisson, oui, c'était moi Et lui qui marche, qui court, qui brise les branches pour se frayer un passage Lui l'acteur, moi la morte Belle mais inutile Je voudrais bien être bossue si ça te rendait fou d'amour Hélas Je ne m'enfuis pas, je joue à cache-cache Et tu te rendras compte Tu te rendras compte sinon à quoi bon continuer de mettre un pied devant l'autre et à quoi bon ouvrir les yeux sur chaque jour nouveau Il est l'heure.